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Le blog d'écriture de Roland
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25 décembre 2019

« C’est l’bordel, ma pauvre Dame ! »

mélenchon perquisition bordel

 

C’est la faute de Macron ! … Macron, démission !... Macron, président des riches ! … Une tempête a dévasté une commune … c’est la faute « à » Macron ! … une plaque tectonique a bougé de un cm : c’est la faute « à » Macron.

Mais qu’a-t-il bien pu leur faire pour qu’ils le détestent ainsi avec tant de mauvaise foi ? Les politiques, les médias, les syndicats, une partie des citoyens français …

Petit retour en arrière…

Le 16 novembre 2016, un ex-conseiller de l’Elysée de moins de 40 ans devenu entre-temps ministre de l’économie, se retire du gouvernement et déclare sa candidature à la présidence de la République Française, à l’occasion des élections d’avril et mai 2017. Mais qui est ce jeune présomptueux de 39 ans qui n’a jamais été élu, qui n’a jamais vraiment appartenu à un parti et, donc, qui n’a jamais gravi les étapes initiatiques à l’intérieur du parti. Pire, malgré tous ces handicaps, ce jeune impudent a la prétention de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière du fonctionnement sclérosé depuis des décennies des partis politiques, des médias, et des « corps constitués ».

Réactions méprisantes. Toute l’élite dirigeante ou influente, fonctionnant ainsi depuis le début de notre cinquième République, se moque, « rigole », ricane de « la bulle Macron qui ne va pas tarder à éclater».

Comment tous ces gens bien installés, sûrs de l’immuabilité du fonctionnement de leur monde, peuvent-ils se sentir inquiétés par ce franc-tireur qui défie toutes les lois dont ils sont profondément convaincus qu’elles sont immuables ?

 

La classe politique d’abord …

Tous les partis, quels qu’ils soient, de gauche à droite, et vice versa, en étaient convaincus: on ne peut prétendre à la magistrature suprême qu’avec l’aide d’un parti politique solide et ancien et,  au sein duquel, on a su s’imposer. C’est ainsi depuis toujours et ce sera toujours ainsi.

Les deux grands partis qui dominent la politique en France, l’un à gauche, le parti socialiste, et à droite, les LR, ex-UMP, sont  encore les poids lourds, malgré la montée des populistes d’extrême-droite et d’extrême gauche. Mais comme tous ceux qui dominent, ils ont tendance à se penser invincibles et à mépriser la nouveauté, l’audace, l’innovation. Ils ont également un mal fou à se remettre en question et à se réorganiser. Une preuve ? 2014 : coup de tonnerre. Lors des élections européennes, les deux « pachydermes » avaient été secoués par le parti populiste d’extrême droite du FN. Sur les plateaux TV, ils juraient leurs grands dieux que, du fait de ces résultats incroyablement dangereux pour la France, ils allaient faire de la politique « autrement ». Mais il n’y eut que des mots. Les mois passèrent et ils continuèrent de faire de la politique comme avant. Il leur était trop difficile de se changer eux-mêmes. Les citoyens marmonnaient, n’étaient pas contents, mais les mammouths politiques continuaient de se boucher leurs grandes oreilles. Résultat : les deux derniers présidents de la République issus de ces deux partis historiques, ont été écartés dès la fin de leur premier mandat.

Et qui prend leur succession ? Qui les bat ? Qui devient président de la République ? … ce jeune présomptueux qui remet tout en question, qui n’a pas respecté ce parcours initiatique tacite que tous croyaient acquis. Ce presque inconnu qui a compris que les Français voulaient vraiment qu’on fasse de la politique « autrement ».

Les leaders politiques se sentent alors floués, trompés, grugés. Pour eux « les règles » n’ont pas été respectées. C’est du vol, un hold-up, de l’usurpation ! Comment les Français ont-ils pu élire cet inconnu à leur place ? Eux qui sont si bien établis, respectés, reconnus. Ils ont pourtant tout fait comme il se doit. Depuis des années, ils préparent la compétition, certains l’avaient déjà perdue. Mais tous manipulent, calculent se placent…. Non vraiment, c’est du vol ! C’est intolérable ! C’est humiliant !

Tous les politiciens de gauche et de droite lui en veulent. Les candidats extrêmistes, bien sûr, mais aussi les candidats respectueux de la République dont les partis ont fait un score calamiteux. Les deux grands partis ont explosé en plein vol, faute de ne pas avoir donné suite aux paroles prononcées sur les plateaux TV en 2014 lors des Européennes. Et comme le nouveau président va faire du « en même temps », c'est-à-dire prendre des mesures de droite et de gauche, ils vont se trouver dépourvus de possibilités de propositions. Il ne va plus leur rester que la critique, les invectives, les attaques systématiques, les insultes, la mauvaise foi et le mensonge « les yeux dans les yeux »…

Le plus narcissique d’entre eux, Mélenchon, va même aller très loin dans le massacre des valeurs de la République. Jusqu’à se comporter en « modèle » de la vulgarité, du mensonge, de la mauvaise foi et de la violence qu’une partie de l’opinion publique –la plus radicale et intolérante- va, en partie, s’approprier et reproduire dans les rues.

Pour tous les partis et tous les politiciens d’opposition, Macron est l’homme à abattre car ils les empêchent de fonctionner comme avant, quand la gauche s’opposait aux mesures de droite et la droite aux mesures de gauche, quelque soit la pertinence des mesures. C’était pavlovien.

Aujourd’hui, bien qu’ils ne sachent plus que faire, ils reproduisent ce même réflexe de Pavlov, mais cette fois, contre le nouveau gouvernement: tous les partis d’opposition dénoncent toutes ses mesures, qu’elles soient de droite ou de gauche. Et là, en toute mauvaise foi, ce qui reste de la droite républicaine dénonce les mesures de droite et ce qui reste de la gauche républicaine s’acharne contre des mesures de gauche qu’elles auraient pu proposer. Ils ont rejoint, sur ce point, le niveau de bêtise des partis extrêmistes de gauche et droite. Et ils lui en veulent encore plus.

 

Et les médias, que lui reprochent-ils ?

Non seulement le jeune impudent, devenu président de la République, a voulu changer les règles de fonctionnement de la politique mais il a également osé remettre en question les relations du pouvoir politique avec le pouvoir médiatique.

Avant lui, et depuis bien longtemps, les relations entre le pouvoir politique et la presse ont perduré dans un entre-soi qui s'est même accentué sous la Ve République.

Des journalistes privilégiés sachant faire leur cour, voyageaient aux frais de l'Etat, avaient leurs entrées privilégiées et permanentes à l’Elysée. Cela donnait l'image d'un journalisme complaisant, voire connivent. Franz-Olivier Giesbert l’assumait d’ailleurs avec bravache: les journalistes doivent être capables de passer des vacances avec des hommes politiques dans une connivence totale. Giesbert le revendiquait d’ailleurs sous une forme provocatrice : "Moi, je baise avec le pouvoir".

On le voit, un certain nombre de journalistes flirtait avec le pouvoir politique. Les portes leur étaient ouvertes et ça arrangeait tout ce petit monde des médias: le journaliste flatté, qui jouissait de ce privilège, de cette forme de relation de courtisan auprès du « roi », mais aussi les rédactions qui collectaient ainsi facilement toutes les informations, même confidentielles, grâce à leurs « espions » autorisés et pas peu fiers de l’être.

Et voilà qu’arrive ce jeune président de la République qui a l’intention de tout bouleverser. Les journalistes n’auront plus leurs entrées aussi facilement et cavalièrement dans les lieux de pouvoir. Des  limites vont être posées entre le pouvoir politique et médiatique. Les journalistes vont voyager à leurs frais sans être choisis par le pouvoir.

Voilà qui change tout. Des privilèges qui tombent. Des journalistes qui ne pourront plus faire leur cour au « palais » pour obtenir en contrepartie des faveurs. Plus d’infos confidentielles en contrepartie de la connivence.

Combien d’orgueils, d’egos blessés parmi tous ces journalistes qui ne peuvent pas pardonner à ce nouveau président qui leur sabre ainsi leurs anciens privilèges. Pour qui se prend-il ce « jeunot » ? Leur faire ça, à eux, reconnus, aimés et chouchoutés par tant d’anciens présidents de la République.

Comme pour le monde politique, cette secousse laisse des traces. Depuis, que de haine, que de rancune vis-à-vis de l’Elysée qui ne laisse plus entrer les médias « comme dans un moulin ».On dirait que, depuis ça, les médias lui en veulent beaucoup, au jeune impudent qui vient bousculer des décennies de fonctionnement de connivence.

 

Mais les syndicats, en quoi peuvent-ils lui en vouloir ?

A priori, il ne leur a rien fait de déplaisant. Il leur a même dit qu’il voulait renouer des liens avec les corps intermédiaires, corps intermédiaires que Sarkozy avait tenté d’anéantir. Non rien. Il ne les a pas attaqués. Seulement, le jeune président a décidé, son image dut-elle en pâtir, de passer à l’action des réformes. Pas d’en parler. De faire deux ou trois ronds de jambes et puis d’abandonner. Non. Il veut faire des réformes (de gauche et de droite) qui devraient permettre à la France d’aller mieux. Or, quand on fait des réformes, tout le monde est d’accord, mais « eux, pas moi ». « Eux, oui, ils ne méritent pas ce qu’ils ont, mais moi, oui, je le mérite. Pas touche à moi et ma corporation». C’est toujours comme ça en France : des réformes pour les autres mais pas pour soi ! Et qui dit réforme, dit mécontentement et qui dit mécontentement en France, dit grève et qui dit grève dit syndicats (ou l’inverse).

Déjà que les syndicats n’avaient plus la confiance des Français, en se plantant face à la réforme de la SNCF que le gouvernement a réussie, les syndicats ont épuisé le peu de crédit qu’il leur restait, au point qu’une révolte anarchique, quoique télécommandée par l’extrême droite, les gilets jaunes, les éjectait de la maîtrise de la contestation.

Comment les syndicats pouvaient-ils revenir et reprendre leur place ? La réforme des retraites va le leur permettre. Les étranges gilets s’étant épuisés d’inconsistance, de n’importe quoi, de bêtise et de violence, les syndicats purent reprendre la tête de la résistance à la réforme des retraites. Une réforme dont les principes sont des principes qu’on aurait qualifiés il y a deux ans et demi, de gauche (suppression des privilèges qui ne sont plus justifiés aujourd’hui, défenses des petites retraites, des gens plus pauvres et des femmes seules, …). Et qui va s’opposer à cette réforme qui pourrait se classer comme une réforme « de gauche » ? … La CGT, le syndicat le plus politisé à gauche et inféodé à la gauche extrême (PCF, France insoumise). Qu’importe !... la CGT voit dans ce « combat », l’occasion rêvée de reprendre sa place.

Qui trouve-t-on dans la CGT ? des cheminots qui veulent garder leurs privilèges ET qui veulent aussi une revanche après la réforme SNCF qu’ils ont perdue en 2018, des anciens gilets dépenaillés, des black-blocs, les autres privilégiés de la RATP, de l’EDF, ceux qui veulent « tout foutre en l’air » etc… ça tombe bien : avant même que la réforme soit ficelée, la CGT avait dit « non ». Non à la réforme quelle qu’elle soit ! Voilà un retour des syndicats politisés en fanfare « comme au bon vieux temps ».

Ne sachant faire autrement, comme -rappelez-vous- les partis politiques en 2014, eh bien, ils reproduisent les mêmes schémas : Pas de négociations. Le combat, pas le débat. Les grèves avec violences et illégalité et, bien sûr : Un bouc-émissaire: Macron. Macron fait des réformes et les « syndicats » de rue (CGT et Sud) ont là un adversaire sur qui taper, à faire haïr puisque le combat et la haine sont les moteurs de ces opposants à tout. D’ailleurs, pour eux, ce n’est plus un adversaire mais un ennemi. « C’est la faute « à » …. »

 

En quoi un certain nombre de citoyens de base font une obsession contre Macron ?

Il y a d’abord naturellement tous les extrêmistes de droite et gauche, des « insoumis à l’ex-FN, en passant le « PCF », les « debout la France » et autres bras armés anarchistes et fachistes. Depuis deux ans, leurs leaders (Mélenchon, Lepen, etc …) crient à la curée sur le Président de la République. C’est pratiquement un « bouffez-le si vous pouvez ! » Les chefs populistes se comportent comme des racailles depuis deux ans. Ils crient, insultent, mentent et, forcément, leurs militants et sympathisants, leur ont emboîté le pas dans cette attaque des institutions républicaines, dans cet abandon du respect des personnes et des biens. De la politesse même. Tout est bon pour détruire : mensonges, mauvaise foi, fakes news. Plus personne n’est choqué par cette « chienlit », comme l’aurait dit de Gaulle.

A ces militants se comportant comme des fans d’un club de sport ou d’un chanteur ou d’une autre célébrité qui vénèrent sans réfléchir tout ce que dit et fait leur idole, s’ajoutent des citoyens qui ont été perturbés par l’arrivée de ce « en même temps ». C’est que, pour adopter cette démarche, il faut un peu réfléchir par soi-même, dépasser ses seuls intérêts personnels comme critères de jugement. Il faut aussi vouloir le bien de la Nation, même quand on n’est pas avantagé par une réforme.

Or, comment la grande majorité des Français se repérait politiquement jusqu’au début 2017 ? … Avec les deux pôles : « gauche » et « droite ». On choisissait son « côté », sans trop savoir d’ailleurs, ce que cela signifiait vraiment et puis on se positionnait. On était « d’accord » si le camp qu’on avait choisi le disait. On était « contre » quand c’était le camp adverse qui voulait s’imposer.

Simple. Pas besoin de réfléchir par soi-même. On suit. On répète les éléments de langage de ses « idoles » et on croit paraître intelligent. Mais, avec ce quarantenaire qui veut concilier la droite et la gauche, il faut s’extraire des schémas simplistes et réfléchir par soi-même, avoir une opinion personnelle, sans la copier. Et ça, un bon nombre de citoyens n’aime pas.… « Comme si on avait que ça à foutre ! »… diraient-ils.

Eh oui, mon pauvre Voltaire, on est loin d’une majorité de citoyens qui disposent du savoir nécessaire pour réfléchir par soi-même, pour faire grandir la démocratie. Les gens préfèrent toujours, et encore, être conduits, dirigés, plutôt que d’acquérir le savoir nécessaire pour s’émanciper.

Voilà pourquoi, comme aurait pu dire Chirac: « c’est l’bordel ! » On peut certes admettre que beaucoup de gens n’y comprennent plus rien dans ce monde qui change à toute allure et qui nécessite d’être adaptable et mobile. Un monde où l’immobilisme et le repli sur soi fera « crever » les organisations et les nations qui refuseront de se remettre en cause.

Alors oui, tous ces gens qui n’y comprennent plus rien sont tentés de se tourner vers le passé parce que « c’était mieux avant », parce qu’ils peuvent se raccrocher à ce qu’ils connaissent. Mais la vie, ça ne marche pas comme ça. Les comportements d’antan qui ont permis des réussites étaient adaptés au contexte d’antan. Mais les comportements qui fonctionnent dans un contexte donné ne fonctionnent pas forcément dans un autre environnement et un autre temps. C’est ainsi. Qu’on le veuille ou pas. Pendant les trente glorieuses, la Chine n’existait pas sur le plan international et l’Inde ne se préparait même pas à émerger. La Russie était encore l’URSS et la guerre froide créait des tensions dans le monde occidental. Les obscurantistes islamistes n’étaient pas nés et la pratique de l’Islam était plutôt pacifique.

La France est devenue une petite nation que les nouvelles nations puissantes sont prêtes à avaler si, avec les autres nations d’Europe, la France n’est pas solidaire. C’est une clé du devenir français : Une coalition de nations européennes pouvant rivaliser ou bien un retour en arrière étriqué proposé par les partis populistes qui aboutira à la décadence et les guerres.

Entre 2007 et 2012, les électeurs ont essayé un président de droite puis ils l’ont viré, et élu, en 2012 un président de gauche pour se débarrasser du précédent de droite. En 2017, ils ont expulsé le président « dit » de gauche pour élire un président « en même temps ». On a l’impression que les Français n’ont pas conscience de l’importance de leur vote. On croit voir des consommateurs inconscients qui font des essais dans un magasin électoral : « Ah ben tiens, on n’a pas encore essayé celui-là. Pourquoi pas lui ? » Hey, les Français, c'est sérieux ! C'est pas un supermarché !...

Attention, car …lors des prochaines élections présidentielles françaises, le choix se fera entre une République démocratique structurée, ouverte et tolérante « et » une nation au gouvernement autoritaire, repliée sur elle-même, gommant de plus en plus la démocratie et les libertés collectives et individuelles. Autrement dit entre le « en même temps » d’un Macron (ou d’un autre homme d’état républicain de ce niveau) ou bien ce sera le « bruit des bottes » d’une Le Pen fille ou nièce.

Comme disait Coluche : « Choisis ton camp, Camarade ! »

Tous ces électeurs qui trouvent trop difficile de faire du « en même temps », tous ces syndicats campés sur leur immobilisme, tous ces médias vexés de ne plus être si importants et ces politiciens désorientés qui n’ont plus rien à proposer parce qu’ils se figent et s’accrochent au passé. Ces derniers tentent de faire tomber Macron par des comportements indignes, violents, destructeurs des valeurs républicaines avec tous les risques de faire basculer la France dans l’autoritarisme et le marasme économique et social.

Réussiront-ils à éjecter leur « bouc émissaire » favori, qui les a tellement dérangés en 2017 dans leur petit confort, pour livrer, sans scrupules, les suffrages de leurs fans qu’ils excitent, au profit de la fille ou la nièce à l’affût, qui nous conduiront irrémédiablement vers le passé « dépassé », la déliquescence de la Nation et les conflits ?

 

Roland Vannier

Perpignan le 25 décembre 2019

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