Et si on s'arrêtait...
Le dos appuyé sur un mur,
Dehors, dans le vent et la froidure,
Il grelotte de tout son squelette.
Aucun regard sur lui ne s’arrête.
Le froid impitoyable l’endort un peu.
Presque plus de vie dans ses yeux.
Le mauvais vin lui brûle le corps.
Et l’indifférence passe encore et encore.
Dans sa main tremblante à la peau rougie,
Un gobelet de carton sans une roupie.
Il n’a plus même la force de demander.
Pour les passants, il ne semble plus exister.
Parfois, il ose lever les yeux sur la rue,
Quémandant d’un regard de chien battu
Un peu de chaleur, un mot, un sourire.
Mais les pas qui le frôlent ne font que s’enfuir.
Il se replie de nouveau sur son enfer.
Il sait que, de lui, les autres n’ont que faire.
Il ne pense plus, s’abandonne, n’espère plus.
Qui donc sont ces ombres qui ne le voient plus ?
Roland Vannier,
Toulouges le 10 janvier 2014