Le voyage de la vie

Mon corps s’est tout à coup éteint et figé.

Sa température s’est peu à peu abaissée.

Mon enveloppe matérielle s’offre à la Terre,

Juste retour de la loque confiée par ma Mère.

Peu importe la forme de sa future désintégration,

Je laisse à ma planète beaucoup de ma compassion.

Ma pensée se propulse immédiatement dans l’espace,

Dans le vide sidéral. A la vitesse lumière, elle passe

Au travers des systèmes solaires et des galaxies.

Elle ignore où elle va. Elle ne sait rien. Elle subit.

Elle frôle les couleurs féériques d’amas d’étoiles,

Transperce un soleil géant recouvert d’un voile.

Propulsée par les forces physiques de l’univers,

Elle glisse sur l’Espace-Temps courbe, cher à Albert.

Tout à coup, elle ralentit… Puis de plus en plus fort,

L’intensité d’un champ gravitationnel la tord, la mord.

Le temps n’a plus de sens, plus du tout d’existence,

L’Horizon des évènements de plus en plus intense.

Un soudain rayonnement de Hawkings le révèle :

Tant de force et d’énergie compacte forcément recèle

L’extraordinaire mystère du centre moteur d’une galaxie

Ou bien de millions ou milliards de superbes galaxies.

Ma pensée, hors du temps, est aspirée par le couloir

Qui efface tous les « Je ». Elle bascule dans le trou noir.

Son infinitésimale énergie s’ajoute à la masse d’énergie.

Tout est sombre et calme. Est-ce la mort, est-ce la vie ?

Plus d’individualisme mais une colossale masse d’énergie

Solidaire, indissociable, unie et forte, au service de l’univers.

Ma vie, ma pensée mon ego ne sont plus et mon cœur espère

Que ce minuscule instant terrestre aura contribué à d’autres vies.

Roland Vannier

Plaine du Roussillon le 29 juin 2021

Comments

[laucal]

Superbe, un voyage après la fin que l'on voudrait tous connaître.