Ave Cesar, abruti(e)s te salutant
Il était une Foïs, Marina, sans le sein et sans le sou,
Une crotte à la main, traversant la scène de bout en bout.
Petit bout de femme, tête haute et l’air suffisant,
A toute une salle de pingouins et pingouines s’adressant,
Commença sa harangue par le scandale des vieux
Qu’on a préféré sauver aux dépends des théâtreux ?
La «culture», nécessité première de l’Humanité sacrifiée ainsi
(Traduisons: «nos egos ne peuvent plus retenir leur pipi »)
Est une insulte… que dis-je ? Un outrage à notre célébrité !
De notre talent, le monde ne peut, en aucun cas, se passer.
Quoi ? Quelques dizaines de milliers de familles attristées
D’avoir perdu la vie d’un parent ou grand-parent tant aimés.
Qu’est-ce donc auprès de la tristesse de nos fans éplorés ?
Puis, l’experte confondit maladie et virus, les deux conjugués.
L’hilarante présentatrice fit ensuite des pirouettes comiques
Pour recevoir le soutien des saltimbanques en ce jour épique.
On pensait avoir atteint des sommets avec le cinéma qui fait rêver.
Que nenni ! Il restait à découvrir la finesse et l’élégance du 7e Art.
De l’obscurité des coulisses, apparut soudain « Peau d’âne ».
Enfin ! pensait-on : moins de militantisme et plus de culture !
Mais nous dûmes déchanter. Au fur et à mesure qu’approchait
L’héroïne du conte populaire, on ne vit que sang et obscurité.
Surprise ! Ce n’était pas peau d’âne mais une gilette jaunâtre
Enduite de sang. Le diable jaune avait bondi hors de son âtre …
Qu’est-ce qu’une telle horreur allait apporter au cinéma ? …
Le cinéma, c’est d’abord la beauté, le rêve, l’élégance, le délicat.
Et tout à coup, sans crier gare, la jaunasse peau d’âne se dévêtit.
Ce fut brusquement l’anti-cinéma : vulgarité, laideur et caca pipi.
La délicatesse et l’élégance du cinéma une nouvelle fois ternies
Par une militante politique qui maîtrise le lard de la provocation.
Des spectateurs s’interrogeaient : était-ce du lard ou du cochon ?
On était tout à coup au théâtre du Rond-point où circulait le pastis,
Les « à poil machin », « trou du cul », «Tous les samedis à Paris !».
Voilà ce que fut la couleur de la cérémonie des Césars 2021 du Cinéma.
Certes, cet évènement a toujours connu polémiques et petites bêtises.
Mais à ma connaissance, c’est la première fois que le monde du cinéma
Nous aura montré son mauvais goût, sa vulgarité, sa laideur, sa bêtise.
Si les comédiens nous manquent, ce ne sont pas ceux qu’on a vu à l’Olympia.
D’ailleurs, après ce « spectacle », des salles obscures, je suis moins impatient.
Roland Vannier
Plaine du Roussillon le 14 mars 2021