S'immerger dans la Nature
Le sentier sinue entre les très hauts roseaux
Coiffés d’un plumage blanc, teinté de rose pâle.
On dirait qu’il cherche une issue dans ce dédale.
Je m’y laisse porter par quelque chant d’oiseau.
Par instant, chaque côté se rejoint au sommet
Puis s’écarte, laissant glisser un rayon de soleil
Qui fait cligner les yeux, comme un matin réveil.
Le petit chemin pousse peu à peu tous ces plumets…
Et le soleil d’automne jaillit soudain sur le sentier,
Enveloppant mon dos d’une douce et bonne chaleur,
Tandis que le murmure de l’eau délivrée de la haie
Se mue soudain en une franche mélodie de bonheur.
En contrebas, la rivière glisse, lumineuse et ondulée,
Entre deux rives habillées de végétation automnale.
Le vert des platanes géants s’est mué en ocre désolé,
Chênes et aulnes se moquent, imprudemment, en aval.
Le bruit d’un plongeon. Quelques secondes encore …
Et un ragondin apparaît, nageant vers l’autre bord.
Une brise légère se lève, charriant un air trop frais
Qui fait frissonner les feuilles rouges des merisiers.
Au loin, un chien, puis deux, puis trois, aboient…
Peut-être se moquent-ils de l’assurance de nos voix
Qui prétendent notre supériorité sur les animaux
En nous voyant ébranlés par de simples systèmes viraux.
Celui qui ne s’est jamais immergé seul dans la nature,
Peut-il seulement imaginer que jamais rien ne dure
Pas plus pour lui que pour les végétaux et les animaux.
Peut-il se rendre compte de la vanité de ses idéaux ?
Pour si peu de temps de vie, est-il bien raisonnable de charrier
Tant de haine, de ressentiment, de jalousie et de méchanceté,
Alors que l’amour, l’amitié, la tolérance sont les vraies lumières
Qui peuvent faire que nos vies s’éclairent.
Roland Vannier
Plaine du Roussillon le 20 novembre 2020