Couleur et Humanité
Couleurs et humanité
Quoi ma peau, qu’est-ce qu’elle a ma peau ?
Quoi mes os, qu’est-ce qu’ils ont mes os ?
Et mes dents, qu’est-ce qu’elles ont, mes dents ?
Pour toi, je ne suis rien de plus qu’un Blanc ?...
Quand je serai mort, il deviendra cireux, ce blanc,
Puis, ma peau tombera en lambeaux avec le temps.
Alors, dessous, tu pourras voir tous mes os blancs.
Comme le squelette d’Abalo qui lui aussi sera blanc.
Tiens, tout à coup, tes mots marquent un gros blanc !
Tu sembles entré dans le noir… le noir te questionnant.
Oui, Abalo est Noir et, mort, il deviendra aussi blanc.
Comme le mien et le tien, son squelette sera blanc.
Avant la mort, Abalo et moi, sommes frères de sang.
Le croiras-tu ? Pour nous deux, il est rouge vif, ce sang.
Sais-tu qu’il est aussi intelligent que tous les blancs ?
Il est, comme toi, Homo Sapiens, depuis la nuit des temps.
Mais d’où vient cette morgue, ce sentiment de supériorité
Basé sur le blanc de ta peau que tu aimes faire bronzer ?...
Mais, quelle supériorité t’attribue donc le blanc sur le noir,
Ces deux nuances qui ne sont même pas de vraies couleurs ?
Pour pouvoir vivre, as-tu toujours besoin de boucs-émissaires ?
Car cette supériorité, tu l’as construite, ne dis pas le contraire !
On ne naît pas avec ce sentiment malsain de la différence,
Deux bébés, l’un Noir, l’autre Blanc, n’en ont pas conscience.
Qu’est-ce qui en toi, te pousse ainsi vers une ségrégation ?...
Est-ce simplement la peur ou bien la haine ou ton éducation ?
Comme les pauvres cherchent plus pauvres pour se moquer
Ou les laids qui cherchent plus laids pour pouvoir se rassurer.
As-tu besoin d’êtres vivants « inférieurs » : animaux ou humains
Dont tu juges l’infériorité aux formes du visage et au teint ?...
Si c’est la peur de l’autre, de la différence qui ainsi te pousse,
Tu peux changer, c’est encore possible. Toi seul peux le décider.
Si le venin que tu sécrètes vient de ta réserve profonde de haine,
Traverse l’Atlantique, vers le pays des armes et du Ku-Klux-Klan,
Tu y trouveras le terreau profond où les humains de couleur peinent.
Là-bas, les gens de couleur luttent encore pour l’égalité avec les Blancs.
Si tu n’as ni peur ni haine, les différences de couleurs sont une chance ;
Tu le sais, l’avenir de l’humanité dépend de l’acceptation des différences.
Roland Vannier
Perpignan le 13 juin 2020