Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog d'écriture de Roland
Le blog d'écriture de Roland
Publicité
Archives
11 février 2022

Droits et devoirs

Droits et devoirs

 

Cette semaine, un convoi de personnes rappelant le mouvement des gilets jaunes s’est affublé de la dénomination : « Le convoi de la liberté ». Leur but est de bloquer Paris et Bruxelles avec leurs véhicules polluants et gourmands en essence qui, d’ailleurs, les fait se lamenter pour le prix élevé de celle-ci. Et c’est le moment qu’ils choisissent pour, allègrement, surconsommer cette essence au prix si élevé. Cohérence ?

 La liberté. On entend de nos jours l’invoquer à tout bout de champ : Liberté de ne pas se faire vacciner, liberté de casser le bien d’autrui, liberté d’envahir le centre d’une ville, de le bloquer et de « pourrir » la vie des gens qui y habitent …

 Et si on raisonnait un peu, plutôt que dire n’importe quoi…

 Si on doit chercher la définition de la Liberté, c’est dans la Constitution des « Droits de l’Homme et du Citoyen »de 1789 qu’on la trouve. Sa définition est stipulée à l’article 4 :

« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits.

Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. »

 Autrement dit, la liberté est effectivement un droit pour chaque Homme, mais elle s’arrête là où l’Homme empiète sur la liberté des Autres. Oui, la Liberté est un droit mais elle exige des devoirs : Ceux de respecter la liberté des Autres (en ne les empêchant pas de travailler, de se déplacer au cœur de leur ville, en laissant les commerçants et salariés travailler librement, se distraire librement, …)

 Enfin, la liberté a des limites collectives qui sont déterminées par la loi.

La liberté sans devoirs et sans bornes ne peut s’exercer qu’en dehors d’une société humaine. Si on décide de vivre esseulé, loin de toute civilisation et de toute loi, dans des terres sauvages, on pourra alors exercer pleinement ce droit de liberté sans se soucier des devoirs, puisqu’il n’y a personne. Cela dit l’aspirant ermite découvrira très vite les limites que lui imposeront les lois de la nature.

 Examinons maintenant le Vote dans une démocratie. C’est effectivement un droit qu’une société démocratique octroie à ses citoyens majeurs. Voter est un droit, oui, mais c’est aussi un devoir. Ce devoir n’est pas, comme pour la Liberté, codifié dans un texte de loi. Ce devoir relève plus de la morale et du respect. Il fait d’abord appel au civisme, à la volonté de conserver le meilleur fonctionnement possible de notre démocratie, la meilleure façon de « vivre Ensemble » quelques soient nos divergences d’opinions, qu’elles soient politiques ou religieuses. Mais c’est aussi un devoir de mémoire et de respect pour ceux qui nous offert ce droit de vote : nos ancêtres qui nous ont libéré du joug des tyrans (rois, empereurs, etc…) qui décidaient de tout et avaient tous les droits pour eux, sans aucun devoir en retour.

 En établissant la République, nos ancêtres nous ont légué, à nous citoyens français, le pouvoir de gouverner via des représentants que le peuple élit. Ce peuple qui n’avait à l’époque des tyrans aucun droit. Seulement des devoirs.

 On pourrait continuer de se poser la question des droits et des devoirs dans le cadre de l‘école, le travail, l’égalité, la Fraternité, le sport, etc... A chaque fois, s’imposerait l’idée que les droits vont avec les devoirs. Il ne peut en être autrement quand on décide de vivre ensemble dans une collectivité (commune, association, nation, etc…). Exiger les droits et refuser les devoirs, au sein d’une collectivité, c’est précipiter cet ensemble d’êtres humains vivant ensemble, vers l’anarchie et les guerres.

 Notre pays semble avoir aujourd’hui perdu la boussole qui indique la raison, le bon sens, le respect. Chacun voudrait faire ce qu’il veut, quand il veut, où il veut, sans se soucier s’il dérange les autres qui souhaitent faire autrement.

Il exige des droits mais refuse les devoirs qui les accompagnent. Il confond liberté et individualisme.

 Si nous en sommes arrivés à ces comportements et exigences d’enfants gâtés n’acceptant plus aucune frustration, comme les petits enfants qui croient que le monde tourne autour d’eux, c’est parce que les valeurs humaines se sont peu à peu délitées sous les coups de boutoir de l’égoïsme qui envahit la pensée des habitants des pays riches. C’est également la quasi généralisation d’une éducation parentale perturbée, souvent inadaptée et parfois inexistante qui a engendré Le monde de l’enfant roi qui a, à son tour enfanté des enfants qu’il a élevés à son image : comme des enfants-rois (Christian Bobin écrivait : « Petits enfants du Moyen-âge, vous étiez des esclaves. Petits enfants du 21e siècle, dans les pays riches, vous êtes des enfants-rois. »)

Une telle société qui valorise l’individualisme (droits sans devoirs) se divise, se fracture, se communautarise, autant de facteurs de haine, de violence qui débouchent sur des affrontements.

Même les élections présidentielles, qui auront lieu dans deux mois, sont l’illustration de ces divisions, cet individualisme. Beaucoup de ces si nombreux prétendants à la présidence font d’abord passer leur ego avant le bien-être collectif de la nation. Eux aussi réclament leurs « droits », leur individualisme, mais refusent les devoirs moraux qui consistent parfois à savoir s’effacer, à dialoguer vraiment et débattre sans insultes. Avec respect.

S’il vous plaît, chers concitoyens, cessez de toujours chercher des boucs émissaires, demandez-vous qu’elle est votre part de responsabilité (devoir) dans ce monde qui ne tourne plus rond. Prenez conscience des manipulations internes et externes à notre nation dont vous êtes les cibles. Le complotisme, la désinformation, les propos démagogiques des populistes extrêmistes vous rendent fous et égoïstes.

Ces ennemis de la démocratie ont tout intérêt à vous faire croire que vous n’avez que des droits et pas de devoirs. C’est ainsi qu’ils réussissent à diviser et fragiliser notre République.

 Entre la raison et les croyances, c’est la raison, et elle seule, qui fait un grand Peuple.

 

Roland Vannier

Plaine du Roussillon le 11 février 2022

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité