Un printemps en l'an 2020
Le vert printemps est revenu à nouveau,
Eclairant les ramages et les branchages.
Des morceaux d'étoffe bleu azur aménagent
Tendrement entre les branches du renouveau.
Mille fleurs jaillissent, couleurs exacerbées
En tant et tant de nuances joliment diaprées.
Le vert nouveau-né, jailli des arbres feuillus
Apaisant le vert profond des persistants velus.
Le soleil se faufile entre les nuages, poussés
Par le souffle d’un zéphyr céleste tout excité.
Sa chaleur encore adolescente, un peu timorée,
Chauffe la terre engourdie par l’hiver attardé.
Les Etres vivants inspirent avec tant de passion
L’air nouveau et lumineux de la belle saison.
Les oiseaux pépient et gazouillent gaiement
Tandis que les fleurs s’épanouissent doucement.
Imperturbable, la planète fait tourner ses saisons
Tandis que les hommes se terrent en leurs maisons.
En ce printemps nouveau, l’Humanité se pétrifie
Non pas sous le vent, mais par peur d’un ennemi.
L’ennemi est minuscule, voire même invisible
Mais son pouvoir de tuer est tout à fait terrible.
Une terrible pandémie est venue, après cent ans,
Nous interroger sur ce qu’on a fait de ce temps.
Eh Oui, nous, Homo Sapiens, qu’avons-nous fait ?
Des révolutions agricoles, industrielles, numériques,
Des découvertes terrestres, spatiales, scientifiques.
Mais la sagesse, la compassion, la paix, la solidarité?
Sommes-nous devenus individualistes ou solidaires?
Sommes-nous plutôt bienveillants ou va-t-en guerre?
En nous, les « Hommes », il y a le pire et le meilleur.
C’est dans les moments de crise qu’on voit les coeurs.
Et dans cette tempête virale que l’humanité traverse,
Le beau et le laid, déjà, on le voit bien, transperce
Les enveloppes terrestres de nous tous, les Humains.
Serons-nous égoïstes ou aidants? Que ferons demain ?
Aujourd’hui, certains, admirables, prodiguent des soins,
D’autres critiquent, invectivent, accusent. Obscur chemin.
Hormis nos progrès technologiques, avons-nous changé ?
Hors nos artifices, l’animal en nous n’a pas du tout évolué.
Nos sentiments, nos émotions, sont toujours les mêmes.
Aucun progrès, aucune avancée dans la compassion.
Il est toujours plus facile de dire je te hais que je t’aime
Homo Sapiens n’est qu’un animal, il faut se faire une raison.
Descendons du piédestal sur lequel nous nous sommes mis
Homo Sapiens sera disparu bien avant la planète et ses saisons.
L’ego empêche l’Humain de progresser, oui, c’est bien lui.
Pris ainsi au piège, Homo Sapiens restera un animal de raison.
« Frères humains », aurait dit un poète du Moyen-âge,
Vous pouvez bien vous quereller vous entretuer, parader,
Nous ne sommes vraiment rien d’autre que des animaux,
Animaux pensants certes, mais simplement des animaux.
En attendant, de derrière la fenêtre, on peut voir le printemps
Eclater en mille couleurs, et la planète faire un clin d’œil malicieux.
Roland Vannier
Perpignan le 25 mars 2020