Le temps, une illusion ?
L’Humanité est un livre.
Le lecteur en est le temps
Qui parcourt négligemment
Ce que l’homme nomme vivre.
Une page pour une simple vie,
Papier parfois bien rempli,
Parfois seulement à demi
Mais toujours se finit.
Temps, lecteur impénitent
Que ne lèves-tu les yeux ?
Ne serait-ce que le temps….
Pour l’Homme, de plus de ciel bleu.
Tu poursuis, imperturbable,
La lecture de chaque page
Et tournes à cadence immuable
Un amour, un sourire, un visage…
Combien de feuilles jaunies
Jonchent le sol de ton antre ?
Combien d’entre elles ont supplié :
« Je veux partir ». Tu leur dis : « Entre ! »
Ah, si tu livrais ton secret,
Si la terre de ton étrange jardin
Etait fertile et qu’il y repousse
Nos vies, nos amours, nos matins…
Notre papier se ferait velin,
Nous n’aurions plus peur de tes doigts,
Nous tournerions les pages sans effroi
Si, derrière, était un éternel matin.
Combien de pages a le livre ?
Le liras-tu intégralement
Ou bien, un jour, un feuillet ivre
Détruira cet énigmatique roman ?
Mais Toi, que feras-tu alors
Quand tous les papiers seront morts ?
Qui alors, prendra conscience
De ta seule existence……
Si tous les papiers se meurent,
Avec eux, toi aussi tu meurs.
Tu n’existes que parce qu’ils te pensent
Tu n’es pas auteur mais sujet de leurs danses.
Le temps ne serait-il qu’illusion ?
Ne serait-il qu’un piège pervers
Qui empêcherait l’homme et les civilisations
De découvrir les secrets de l’univers ?
Roland Vannier
Toulouges le 10 février 2018