Le flot de la vie
Le petit torrent dévale la pente en riant,
Zigzaguant entre pierres et galets.
Parfois, euphorique, il grimpe avec souplesse
Sur les cailloux qui accueillent sa caresse.
Un rayon de soleil vient parfois taquiner
Ses déliés et son jeune flot, joyeux, déchaîné.
De jolis miroirs capricieux et changeants
L’habillent d’ombre, de lumière et de brillants.
Parfois, il se retourne vers son sommet naissant.
Il aimerait revenir à ses racines, à l’état d’enfant,
Mais la pente est plus forte que ses seuls désirs
Et l’entraîne vers le vaste océan, son devenir.
Que peut-il faire contre cet aboutissement ?
La plupart du temps, il oublie, vit au présent.
Mais parfois il s’interroge sur son existence...
Des doutes et des peurs l’assaillent de leur danse.
« J’ai beaucoup joué, ri et chanté depuis là-haut.
Puis j’ai donné à la terre, aux hommes, aux animaux.
Je me suis senti utile, vivant, reconnu.
J’ai fait pousser l’herbe là où le sol était nu.
Aujourd’hui, je sens mon flot qui se ralentit.
J’ai moins envie d’escapades dans les prés et les taillis.
Dois-je m’abandonner ou lutter contre l’inéluctable.
Dois-je refuser la réalité ou être raisonnable ? »
Ainsi s’interrogeait le torrent devenu ruisseau
Quand sur une branche, il vit un mystérieux oiseau.
Ce dernier s’approcha au plus près de ses flots
Et lui susurra avec tendresse quelques mots.
Et depuis, on peut voir dans la plaine, un petit ruisseau
Serein et en paix avec lui et le peuple des roseaux.
Sans renoncer à rien, il a appris l’abandon.
Et quand il s’abandonne, il ne renonce à rien... Non.
Roland Vannier.
Toulouges le 28 octobre 2013